vendredi 10 décembre 2010

Guide de survie au Burkina Faso

Petit lexique burkinabè :

bonjour : entre le lever du soleil est 15H
bonsoir : entre 15h et 18h
bonne nuit : après 18h

profiter de la fraicheur : aller boire une bière
se goder : se bourrer la gueule
ça fait deux jours : ça fait super longtemps qu'on s'est pas vu dis donc !
ronfler : accélérer
bonne traversée : bonne route
il a deux têtes : il est moche
t'as un 70 ? : donne moi ton numéro de téléphone
y a pas de problème : oui / non / peut-être / on verra
rouler : utiliser un véhicule
bisser : redemander la même chose
le catalogue : la carte au restaurant
un bidon : une bouteille
un bic : un stylo
un lotus : un mouchoir en papier
un baton : une cigarette
une catherine : une clémentine
un maquis : un bar
aller faire le show : aller danser au maquis
pwo pwo pwo : aïe aïe aïe

ne pas dire "bienvenue", dire "bonne arrivée"
ne pas dire "bonjour, je voudrais du pain" , dire "bonjour mon frère ça va ? et la famille ? (...) je veux du pain"
quand on te dit "bon appétit" ne pas dire "merci", dire "t'es invité"

Accent dioula (burkina de l'ouest) :
ajouter "dè" à la fin de chaque phrase. Par exemple, "c'est pas facile dè!" en remontant le ton de la phrase

Accent mossi (centre du burkina) :
accentuer l'avant dernière syllabe des phrases. Par exemple "c'est pas faaaaaaacile".

Accent des diaspos (souvent les burkinabès qui ont grandi en côte d'ivoire) :
mettre des "ô" un peu partout dans les phrases. Par exemple "je dis-ôôôôô, c'est pas facile."

Dans un soucis d'auto-préservation, il faut également connaitre les rivalités entre les ethnies, par exemple les samos et les bwabas contre les mossis, les dafnis contre les bwabas etc etc... Ce qui donne lieu à des " plaisanteries à parenté" où on fait des blagues douteuses en donnant toujours le mauvais rôle à l'ethnie rivale.

dimanche 5 décembre 2010

Des tournées en brousse

Je n'aurais jamais imaginé pouvoir me transformer en glaçon au Burkina. Et pourtant...

Je dois retourner dans des tas de villages pour refaire des monographies. Donc jeudi matin, 5h30, je démarre pour aller voir mon acolyte, Victorien un cultivateur de fonio (qui a l'immense avantage de parler français) dans un autre village. Je vais faire les tournées avec lui, j'ai besoin d'un traducteur de toute façon !

Mais il faisait méga méga froid à cette heure là c'était vraiment terrible ! Et après 30 minutes de moto, je me demandais quand est ce que j'allais pouvoir m'acheter un bonnet et des gants...et surtout comment vous pouviez survivre avec 15 ou 20 degrés de moins. Mais ceci n'est qu'un détail, puisqu'à 8h30 du matin il fait déjà 30° au soleil.

Généralement, quand on arrive dans le village je fais réunir les vieux. Il faut que j'arrive avant qu'ils partent aux champs, donc vers 6h30-7h maximum. Puis on discute, quand ils le veulent bien. Une fois, quand j'ai demandé si on pouvait me raconter l'histoire du village, je me suis carrément fait envoyer chier. Mes traducteurs bwamou-français étaient génés et ne voulaient pas me dire ce qu'il y avait. Grosso modo, le chef du village a dit que entre eux ils pouvaient tout se dire mais que comme j'étais là c'était pas la peine..! Donc parfois la causerie se passe bien, mais parfois il est difficile de venir parler avec les vieux. Notamment dans les villages où les traditions sont hyper fortes, où personne ne fait d'études, où l'école est très récente, et où on n'ose même pas dire le mot "animiste" en parlant de religion.

Mais bon des fois ils se sentent obligés de me lécher le cul, et ils m'offrent des poulets. Que je ne vais quand même pas refuser, maintenant j'ai deux grosses poules que je vais laisser pour mon repas de Noël ;)

Souvent, je demande si les villageois seraient d'accord pour faire partie de circuits touristiques. Une fois, on m'a répondu que au temps de la diffusion des religions chrétiennes, souvent ils devaient accueillir des blancs. Ils leur faisaient des démonstrations de danses traditionnelles, ils leur faisaient visiter le village...et puis ils leur donnaient des filles. Ahah, apparemment l'abstinence c'est pas pour tout le monde chez les cathos, que ce soit pour des petits garçons ou des jeunes filles africaines.

D'ici dix jours j'aurai une meilleure connexion internet donc j'en profiterai pour vous abreuver de photos.

Hier il y avait une soirée musique et danse traditionnelles au village, très chouette :)
Comme les récoltes sont quasi finies, les balafons et les tam-tams résonnent dans toute la brousse...

Je meurs d'envie de bouffer une pizza.

dimanche 28 novembre 2010

Des petites nouvelles

Après tout ça, une semaine un peu trop tranquille s'est écoulée au village. Pas grand chose à faire si ce n'est aller arroser le jardin et aller défricher des kilomètres d'allées. Ce qui est vraiment très chiant, notamment quand la machette, la daba et le rateau finisse par transformer les paumes des mains en masses sanglantes. Mais on survit.

Il ne fait plus très chaud, le grand maximum à midi n'est (que) de 35°C et à partir de 18h il fait réellement froid. Je me demande comment je supporte 2 pulls et 2 écharpes à 20°C mais apparemment j'me suis trop habituée à la chaleur ;)

Le grand manitou de l'ONG est arrivé, ça fait du dérangement de partout. Il va lancer des tas de chantiers dans tous les sens. Je m'entend vraiment pas avec lui, il ne me plait pas du tout.

Mais de toute façon je me casse bientôt du village. Ca va faire bizarre de quitter ma "famille d'adoption" burkinabè, tous mes amis et tout tout, mais c'est la vie et c'est toujours comme ça.

La maman et les frérots arrivent le 17 Décembre. J'ai hâte qu'ils arrivent, et qu'ils payent une chambre d'hôtel où je pourrais prendre une VRAIE douche et où je pourrais chier sur une VRAIE cuvette de toilette !!

Comme je disais, c'est rapide today, pas le courage de développer...

Cya

samedi 20 novembre 2010

Mes malheurs

Parce que jeudi 11 Novembre était vraiment une journée horriblement terrifique.

Voyez vous, afin de préparer mon anniversaire (par exemple acheter des poulets complémentaires en vue d'un poulet-cue digne de ce nom), j'avais besoin d'aller chercher du gombo. Comme le distributeur se trouve à 55 km de Nouna, qui se trouve à 15 km du village je me suis dis : cool je vais pouvoir roder ma moto. Je me suis donc mis dans le crâne de faire mes 140 km dans la matinée.

J'arrive à Nouna sans problème, ma moto ronfle doucement. Je prend Philippe derrière moi, et je prend courageusement la (très) difficile piste qui mène à Dédougou. La piste est vraiment mauvaise, pleine de trous et de bosses, et c'est que des petits cailloux qui te sautent dans la figure. Les gens mettent des grosses doudounes et des casques avec visière. Bon, moi, évidemment, je suis partie en débardeur, en tongs et sans rien sur la tête, j'avais pas trop prévu le coup hum. C'était déjà des erreurs, mais mes plus grosses erreurs étaient de partir sans avoir 1FCFA de crédit sur mon téléphone, et deuzio de ne PAS vérifier le niveau d'huile de cette putain de connerie de moto de merde.

Donc, quand j'ai commencé à vouloir rouler un peu ma moto (ça veut dire on roule à 60 km/h sur la piste en s'accrochant très fort pour quand la moto vole après les trous et les bosses), ben... j'ai entendu "CHLONK" et "bbrrrrrrrrrrrrrrrrrr" et "...". Et Philippe qui dit "y a quoi?". "Ben chai pas ça s'est arrété tout seul". Et la PSSSSHHHH et une fumée qui sort du réservoir d'huile. Oups. Evidemment on était trop loin de Nouna pour faire demi tour, on était trop loin de Dédougou pour y arriver, et le village le plus proche n'avait pas d'huile. On a donc continué en poussant la moto. On a pu interpeller des gens qui nous ont dit d'arriver à Bourasso, un plus grand village, à 6-7 km de là. Easy. Je nous voyais déjà pousser cette satanée pute de moto pendant 1h30 sous le soleil écrasant et la chaleur montante. Mais on a supplié un gars pour qu'il m'emmène jusqu'à Bourasso, où je trouverai de l'huile et que je ramènerai ça dans un bidon. Donc je suis partie avec ce peul très gentil, et en arrivant là bas j'ai pris des mélanges d'huile fort douteux que j'ai payé à prix d'or, mais pas le choix. On a pu arriver à Dédougou enfiiiiin en mettant 2h30 pour faire le trajet au lieu d'une petite heure...

Là-bas, impossible de retirer de l'argent, la banque n'avait pas débloqué ma carte bleue. J'ai essayé avec mon ancienne carte bleue qui est censée être désactivée et là j'ai pu retirer quelques sous, mais pas beaucoup. J'étais vraiment trop découragée !!! Tout ça pour rien !!

Donc on a du passer chez le mécano, repayer de la bonne huile, tout vidanger et blablablabla avant de repartir de Dédougou. On est reparti vers midi... pour arriver vers 13h15 à Nouna, complètement exténués. Et le soleil avait frappé fort fort sur la tête. Ma peau était rouge comme celle d'un homard, mais ce n'était que de la poussière, au moins ça m'avait protégé des coups de soleil !

Je suis rentrée au village, et là j'ai du prendre 3 seaux d'eau pour arriver à enlever toute ma poussière ! Pas le temps de me reposer jusqu'au soir, où on s'est couché assez tard.

Le lendemain...Pwo pwo pwo comme on dirait ici, c'était même pas la peine d'essayer de me lever ! Evidemment c'était le jour où 3 amis venaient me voir de Ouaga, et je devais partir les accueillir à Nouna vers 15h. J'ai dormi toute la journée, en espérant pouvoir me lever pour rouler la moto le soir, mais c'était pas la peine, ma fièvre oscillait entre 39 et 40°. Impossible de manger, même l'eau je vomissais ça, (donc impossible de prendre des médicaments par le fait), et tous mes os et mes articulations me faisaient mal.

ça a continué comme ça quelques jours (même si la fièvre est assez vite retombée), et maintenant je viens seulement de guérir. Impossible de manger jusqu'au mercredi, j'étais trop nauséeuse, le seul truc que j'arrivais à manger c'était des spaghettis !! Et encore en quantité infinitésimale. Je ne sais pas si c'était insolation, palu, parasite, un peu de chaque... peu importe ça va mieux maintenant :)

Dommage que je n'ai pas pu profiter de la fête de tabaski mardi, je rêvais pourtant de ce mouton grillé depuis deux semaines ahah !

Sinon mon anniversaire s'est bien passé, mis à part le fait que j'étais ultra kaput. Jus de bissap, poulets grillés et fris, musique mandingue et soirée entre amis. Je n'avais jamais eu aussi chaud la journée de mon anniversaire en tout cas !

dimanche 7 novembre 2010

Une longue excursion hors de brousse

Dur dur de sortir de sa brousse, et de revenir au monde "civilisé". Parce que quand on est à Ouaga, il s'agit de courir partout pour revoir untel, ou pour aller faire des courses et blablabla.
Lundi dernier, je me suis risquée à faire du shopping parce que vraiment c'était la dèche des fringues. Je suis venue avec une poignée de tee-shirt et le H&M en brousse, ça a tendance à se déchirer très vite. Bon, le problème c'est qu'à Ouaga il n'y a point de grands magasins types C&A et Cie, et encore moins de centres commerciaux. Ce sont des petites échoppes de prêt-à-porter qui dépassent rarement les 10m². Dans chaque petite boutique on vend donc environ 5 pantalons et une dizaine de tee shirts.. Pas évident pour faire son choix !!! Finalement, j'me suis dégotée un jean dans une première boutique, puis on est parti au marché pour la suite. Là, j'ai pu trouver 3 tee shirts assez immondes 100% qualité made in china et une mini jupe pour aller courir les maquis. La négociation est toujours fatigante quand c'est pour un blanc, mais de 6000 par tee shirt on est arrivé à 12 000 pour les 3 avec la mini jupe et encore "on m'a arnaqué raisonnablement". Boooooon...

Ensuite, comme je le disais, départ pour Kaya où j'ai passé la nuit chez un pote. J'y étais déjà allée une fois, donc tous les voisins qui passaient me demandaient 'et à nouna comment ça va?' alors que jles aurais meme pas reconnus dans la rue. Mouarf.

Le lendemain, départ à Pissila, le village où mon pote est prof d'anglais. Il avait cours, donc pendant ce temps là je tapotais des rapports sur mon ordi ou plus généralement je bouquinais tranquillement à l'ombre. Enfin, j'ai été aussi enrôlée pour corriger ses copies et surveiller ses classes pendant les devoirs. Mais il faut dire que surveiller une classe en devoir au burkina ça signifie aller monter le thé sous un arbre dans la cours de récréation avec d'autres profs et causer tranquillou !! Quant aux copies, vraiment je vois PAS pourquoi les profs français se plaignent !! Parce que quand t'as 30 copies à corriger, c'est vraiment vite fait... Mais quand t'as une classe de 110 élèves et que tu dois corriger 110 fois le même devoir, là c'est vraiment vraiment chiant ! Je pense que les profs français devraient faire un stage au Burkina pour relativiser des conditions d'enseignements ;) C'est à dire, des bancs d'école pour école primaire même au lycée, les élèves de 18 ans assis à 3 sur ces mêmes bancs, une chaleur torride dans la classe, la sueur qui goute sur les cahiers, la poussière qui pique les yeux, aucun matériel d'étude, pas d'électricité le soir pour que les élèves puissent faire leurs devoirs ou réviser leurs leçons... Bref.

Donc après avoir passé 3 jours là-bas, je suis rentrée à Ouaga, pour profiter du SIAO (Salon International de l'Artisanat de Ouagadougou) et pour payer ma moto. Le SIAO c'était vraiment trop cool, même si j'ai fait l'erreur d'y arriver la veille du jour de clôture donc c'était bondé. Des étalages chargés de toutes sortes d'objets d'arts de l'Afrique de l'Ouest surtout, mais aussi de toutes les régions du monde, du Brésil, de la Chine, etc etc.. Vraiment trop chouette pour le plaisir des yeux (j'avais fait exprès de ne pas emmener d'argent ^^). Et dehors, une scène géante où s'enchainaient des concours de danse avec des gens du public choisis au hasard, des jeux stupides, des démonstrations de danses traditionnelles etc. Vraiment, trop poilant de voir un public plié en deux, j'aime cette ambiance. Et ensuite, c'est des brochettes de viande grillée achetées dans un kiosque avec des frites d'aloco.

Sinon j'ai acheté ma moto, enfin presque, j'ai des problèmes de plafond de banque mais sinon elle est là prête pour moi. Vous pouvez regarder sur google c'est une Yamaha Crypton rouge. Huhuhuuhu!! Jlai négociée à 440 000 FCFA avec les papiers (qui valent en gros 30 000 FCFA), ce qui fait grosso merdo 600 euros.
Que demande le peuple ??

(Sinon, on est en pleine campagne présidentielle actuellement au Burkina, promis bientôt un article sur la politique)

lundi 1 novembre 2010

Des histoires de moto

Parce que vraiment, j'ai trop de problèmes avec les motos. Mais trop la poisse quoi !
Suffit que je roule en scooter dans Ouaga et ma moto crève.
Suffit que je donne ma moto à laver et le moteur est noyé.

L'autre fois, on roulait avec Philippe (un gars de l'assoc avec qui je fais les tournées des villages), et il me dit "bon, conduis moi jme repose un peu". Je n'avais jamais conduit sa moto avant. Donc je roule, tranquille, puis à force j'accélère parce que le chemin était bon et relativement droit. J'arrive peu à peu à 70, 90 km /h, et lui me disait "hey doucement" et moi j'étais là "t'inquiète c'est géré". Bon, à un moment, un gros manguier était o milieu du chemin donc fallait faire un détour pour l'éviter. Et là, j'ai voulu ralentir. Et là, je me suis rendue compte que les freins ne fonctionnaient pas. Philippe me dit "ah oui j'ai oublié de te prévenir". Mort de lol. Heureusement, plus de peur que de mal, j'ai juste foncé dans un buisson puis j'ai rebraqué dans l'autre sens mais ahah j'ai vu le manguier de trèèèèèès prèèèèèès.

Une autre fois, après un éreintante tournée des champs avec Philippe, on rentrait tranquille au village, j'imaginais mon assiette de tô sauce gombo qui m'attendait sous le limier...ET PAF ! on crève. En brousse, au milieu de nulle part. Souvent quand je fais des tournées, on m'offre des trucs, donc là j'avais récolté 3 énormes pastèques, 5 kilos de patate douce et un sac d'arachide. Donc je descend de la moto avec mes pastèques, mes arachides et mes patates douces, et Philippe part chercher un colleur( pour la roue de la moto). Je m'assois donc tranquillement sous un arbre en grignotant des arachides, sachant que comme le village le plus proche est au moins à 3 km, il va me falloir être patiente. Il est midi, j'imagine mon tô sauce gombo se refroidir, je suis crevée et couverte de poussière, bref l'éclate. Au bout de 20 minutes, un mec arrive , me parle en dioula. Je capte pas trop, sauf qu'il faut que je m'assoie sur sa moto et qu'il va m'emmener au village où y a le colleur. Je monte donc avec une pastèque sur mon dos, une sous chaque bras, et les arachides et les patates douces posées sur le guidon, easy. Là-bas, il faut encore attendre 30 minutes avant de repartir...

Une autre fois encore, on roulait et tout d'un coup le chemin se transforme en marigaud. Naivement, je me dis qu'on va faire demi-tour pour trouver un autre chemin. Mais non, il nous faut enlever les chaussures, retrousser les pantalons, et pousser la moto dans la vase sur 50m.. J'imaginais tous les petits parasites qui trainaient dans cette eau stagnante et brulante hmmmm.

Bon sur ce je dois filer, jviens d'arriver à Ouaga hier, et je pars ce soir dans le village d'un pote pour glander là-bas :) C'est les vacances (bon ok j'ai l'impression d'être tout le temps en vacances mais bon) !!

Tchoutchou

lundi 25 octobre 2010

La magie ...

Déjà quand je dis que je ne crois pas en Dieu, bon ça peut passer difficilement. Mais généralement les gens s'en foutent (surtout si on ne le dit pas à n'importe qui). Cependant, si vous osez dire que vous ne croyez pas dans la magie, les grigris, les fétiches, les marabouts et compagnie, là c'est grave pour vous.. !

Par exemple, il ne faut jamais aller dans le village d'un mec si jamais il est intéressé par vous. Sinon, là bas, les vieux vont faire le nécessaire pour qu'il vous marie. Ils vont prendre la poussière qui a été foulée par le pied droit de la fille, la mélanger avec la poussière qui a été foulée par le pied droit de l'homme, les mélanger et faire des prières et accomplir des rites. Ensuite, c'en est fini pour la fille !

Bon ça ça reste rigolo, c'est comme l'histoire du Mossi qui, à la télé burkinabé, a déplacé grâce à la foudre un tas d'épis de maïs d'un bout à l'autre du Burkina. Les gens te soutiennent dur comme fer qu'il l'a vraiment fait, vu qu'ils l'ont VU à la télé !

Ou comme les histoires de pommade qui permettent au lutteur de ne jamais se blesser, de l'anneau magique qui permet de traverser des distances incroyables en peu de temps, de la peau d'âne qui peut voler etc etc.

Mais les croyances peuvent aussi avoir des conséquences assez dramatiques. Par exemple, là où j'habite (ouest du pays), c'est le pays Bwaba. Les Mossis sont plutôt vers le centre du Burkina. Il y a une famille Mossi dans un village pas loin du mien. Ce village est à mi chemin entre le mien et un autre plus loin (K.). Lundi dernier, un enfant de la famille Mossi a disparu. Un jeune homme de 19 ans. Son vélo a été retrouvé dans un champs de K. Le village de K. est réputé pour avoir conservé des rites animistes très anciens qui impliquent les sacrifices humains et même du cannibalisme. Donc tout le monde se dit que les gens de K. ont enlevé le jeune Mossi (comme venant d'une autre ethnie il est une proie facile) pour leurs sacrifices.
Seulement, personne ne peut rien prouver. On sait où il est enfermé, mais la case même pour entrer dedans ça n'est pas facile, ne rentre pas qui veut. Car le pouvoir magique de cette maison là est très fort. Et même s'il y a une investigation de police, personne au village de K. ne parlera. Car leur totem est de ne pas parler de ça. Si tu trahis ton totem, tu meurs immédiatement. Donc s'ils racontent à l'extérieur ce qu'il se passe, ils mourront. Par conséquent, la situation est quand même un peu bloquée.
La seule solution qui est sorti de la causerie tout à l'heure, c'était de trouver un marabout qui soit plus fort que le grigri de K.

Argh.

samedi 16 octobre 2010

Des news ..!

Longtemps que je n'ai pas posté dis donc. Mais c'est que le temps passe si vite !! Au village la vie se déroule tranquillement. Les activités se poursuivent, entre les suivis de cultures, les lancements de cultures expérimentales, les cueillettes et repiquages d'herbes médicinales, le désherbage et l'entretien des jardins, les sorties dans les villages pour discuter avec les vieux du développement de leurs villages et les façons d'y arriver... Et entre temps les moments de détente autour du thé où on discute de tout et de rien, où on débat des croyances et des religions, où on se raconte des histoires, où on se pose des devinettes, où on échange sur les différences entre nos cultures, où on parle de politique... S'il arrive que je n'ai rien à faire, je vais aider Bénédicte à la cuisine pour devenir une pro de la cuisine africaine ;)

Depuis deux semaines une infirmière française était arrivée au village, et son mec l'a rejoint ces trois derniers jours. Comme un autre gars de l'assoc (burkinabé), un botaniste tradipraticien est aussi venu, ça a fait de l'agitation et beaucoup de monde ! Mais les deux français sont repartis, et maintenant le calme va revenir en brousse !!

J'ai rencontré quelques personnes maintenant à Nouna, la ville près du village (amis d'amis d'amis), ce qui fait que je profite quand je passe là-bas pour aller me faire payer une ou plusieurs bières par eux huhu ! Ce qui fait que je rentre souvent un peu éméchée (bah ouai, deux bières ça vaut déjà quasiment 1,5 litre donc à force...) au village, avec Philippe qui conduit la moto à 90 à l'heure dans la boue en pleine nuit, mais c'est rigolo :D

Le week-end dernier je suis allée à Ouaga, assez ouf ça faisait presque 1 mois que je n'avais pas vu de route goudronnée, j'étais trop désorientée en arrivant là-bas ..!! Alors si je me trouve désorientée en arrivant à Ouaga, j'ose même pas imaginer ce que ça sera à mon retour en France !! Mais c'était bien cool, j'ai revu les copines infirmières françaises avant qu'elles ne retournent en France, et on a maquisé avec les mecs, ça a fait du bien :) J'espère qu'un de ces jours ils viendront faire un tour à Nouna voir les maquis broussards (comprendre les bars dansants provinciaux) ^^
Vous me manquez un peu parfois, mais comme je n'ai plus d'argent je ne peux pas payer de crédit de téléphone (faut que je me rationne !!).

Une infirmière allemande va arriver au village d'ici une semaine donc ça va faire de nouveau du monde. Bon l'avantage qu'il y ait d'autres blancs, c'est que la conversation ne tourne pas que en dioula. Sinon moi je comprend pas trop. Même si je peux maintenant saluer, me présenter, et que je connais quelques mots simples, je ne saisis pas encore toutes les conversations !! C'est que déjà apprendre à saluer c'est un peu long en Afrique. Ca donne :
Bonjour
Bonjour
Bien dormi?
Oui ça va
Et chez vous ?
Ça va
Et la santé?
Ça va
Et la famille ?
Ça va
Et les activités ?
Ça va
(et ça peut continuer longtemps, par exemple si tu as voyagé « et le voyage? » « et les gens de Ouaga? » , si il connait le nom de tes parents ou de tes enfants ou d'amis à toi « et machin? » , « et truc? », « et bidule? »)
Ensuite il va y avoir un tas de « passez une bonne journée » ou « que ton travail avance bien » ou ce genre de trucs auxquels tu vas devoir répondre « que dieu t'entende » ou des conneries du même style.
Et le pire c'est que c'est pas la même chose quand t'es un homme ou une femme ahah, donc ne crois pas pouvoir apprendre juste en écoutant les gens sinon tu pourrais faire des impairs !!

Donc ce n'est pas une mince affaire déjà que de savoir saluer ^^. Et puis il faut accompagner ça des gestes adéquates, joindre les mains devant toi en disant bonjour, plier un peu les jambes si c'est un vieux, serrer la main en disant bonjour, enchainer les serrages de poignets et de mains pendant les salutations etc etc.. !!

Bon sur ce, j'ai un rapport à faire sur un village et il faut que j'économise ma batterie (rapport à l'absence d'électricité), donc je vous laisse, see u soon !!

lundi 27 septembre 2010

Le début du travail

C'est quand on n'a rien à faire qu'on voudrait travailler, et quand on doit travailler qu'on voudrait n'avoir rien à faire.


Après quelques jours à n'avoir rien eu à faire à Saint Jean (bon, ok, en réalité ça a concerné 3 journées), j'ai enfin eu mes directives pour mon stage... Pour l'instant c'est suivi de plantations de soja, test de plantations de teff, tests de compost. Avec Philippe, un mec de l'assoc, on a donc fait le tour des producteurs de soja vendredi matin. Départ 6h, retour 13h. J'étais vraiment sur les rotules au retour !! On va voir les cultivateurs, on leur demande si tout va bien, on note leurs remarques, on va voir leurs champs, et on leur donne des conseils pour la culture. Je suis maintenant imbattable sur les champs de soja !! Voilà une tite photo d'une gousse de soja en gros plan. La présence de Philippe est indispensable parce que d'abord il sait où sont les villages (cad au milieu de la brousse, rien ne ressemble plus à un village de 30 habitants qu'un autre village de 30 habitants), parce qu'il arrive à conduire la moto dans des terrains inondés/boueux/sablonneux/herbeux, et parce qu'il parle bwamou, ce qui est pas mal étant donné que tous les villages où se trouvent les producteurs sont bwabas. Moi qui étais fière de commencer à maitriser quelques mots de dioula, j'ai pu recommencer à hocher la tête et à sourire comme une idiote à chaque fois que quelqu'un s'adressait à moi (je commence à avoir l'habitude). Donc ça c'était plutôt cool.

Aujourd'hui, il fallait aérer le compost déjà fabriqué, comprendre le sortir de sa fosse pour le mettre dans une autre fosse puis le remettre dans la première fosse. Le temps de désherber le chemin qui menait au tas de compost, on a pu commencer à bosser vers 9h, moi et deux mecs qui sont employés par l'ONG pour faire ce genre de travaux. Donc on a pelleté, pelleté, pelleté, et là j'ai eu un coup de chance. Parce que sur les coups de 10h15, j'en pouvais vraiment plus, et j'ai appris que la mère de la famille chez qui j'habite venait de rentrer de l'hôpital avec son nouveau-né, elle avait accouché dans la nuit !! Donc j'ai pris ce prétexte pour faire une pause et aller lui rendre visite, et quand je suis revenue vers 11h, les mecs quittaient le boulot (il commençait vraiment à faire chaud). On y est retourné l'aprem vers 15h, jusqu'à 16h passé (après le compost c'était fini donc jme suis cassée, mais eux sont restés encore à desherber). Putain ce que c'est fatiguant. Le geste en lui même tire un peu sur les bras et le dos, mais ce qui est vraiment horrible c'est le soleil. Je savais même pas qu'on pouvait autant transpirer. Au bout de cinq-dix minutes, autant les mecs que moi, nous ruisselons de sueur. Mais au sens propre du terme. J'veux dire, ton tee shirt et ton pantalon sont trempés, t'arrives même plus à voir clair tellement la sueur te coule dans les yeux, tu transpires de parties de ton corps que t'imaginais pas pouvoir voir transpirer, enfin c'est assez ouf. Le soleil tape dur sur la tête, et ça fait comme un marteau piqueur dans le crâne. Après une heure de travail je peux facilement boire 1,5L d'eau, et encore je sais même pas si ça compense ce que j'ai perdu !! En tout cas, je comprend pourquoi ils mangent des montagnes de riz maintenant, pour ce genre de boulot il faut des forces !! Ca vaut bien tous les footings du monde :)


Bon en tout cas, me voilà bien fatiguée, la peau brulée, des ampoules plein les mains, et bouffée par les moustiques, mais c'était trop cool !

mercredi 22 septembre 2010

Plus encore, avec des photos !



C'est là que les choses commencent à se corser. Pour internet, et pour le reste.

Après quelques jours à Kaya, je suis revenue à Ouaga pour faire mon sac et passer une dernière soirée avec les mecs et les infirmières avant de partir pour Nouna. Le voyage était ...éprouvant. Ma flemme était donc totalement justifiée ! Bus à 8h, donc départ à 7h de la maison. J'ai peut être dormi une heure et demie la nuit, entre 4h et 5h30. Easy ! Donc tête dans le cul, Ousmane a eu la gentillesse de se lever pour nous déposer, moi et mon sac de 17kg à la gare. Là, même lui a eu l'air inquiété par l'état du bus. En même temps c'est un ancien bus de ramassage scolaire canadien complètement pourri (photo), et je dois faire minimum 8h dedans. Je rencontre une allemande qui prend aussi le bus, mais elle jusqu'à Dédougou seulement, elle s'arrète une cinquantaine de kilomètres avant moi. C'est marrant ça, mais quand y a des blancs, bah on se sent obligé de venir se parler et de passer du temps ensemble, et de raconter nos vies. Donc c'est ce qu'on a fait, on était à côté dans le bus, et ça a passé un peu le temps. Jusqu'à Koudougou, la route est goudronnée, donc ça allait, j'ai dormi un peu. Les choses se sont dégradées ensuite ... Avec la disparition du goudron et du début de la piste. Mais pas n'importe quelle piste. La pireeeeeeee piste que j'ai jamais prise ici, que des trous et des bosses, et des parties inondées et tout, c'était vraiment trop le bordel. Dès que y a une grosse secousse, tous les gens se lèvent pour inonder le chauffeur d'insultes en français, mooré et dioula, donc c'est joyeux et ça m'a fait rigoler mais pas idéal pour se reposer. Et puis, l'humour burkinabé c'est pas trop pareil qu'ici, jvous raconterai des blagues vous allez voir c'est .. tordant. Par exemple là :
Une femme "Chauffeur , faut ralentir, j'ai un nourisson"
Un homme "Chauffeur, on est tous des nourissons ici !"
Eclat de rire général.
Ahah.

Bon, sinon la piste comme ça jusqu'à Dédougou a bien duré 6h, j'ai peut être réussi parfois à somnoler mais tu te cognes la tête sur le siège de devant, ou alors tu tombes sur tes voisins à tout bout de champs c'est vraiment chiant. Et les sièges sont complètement défoncés donc c'est pas l'idéal. Et il fait chaud dans le bus. Ce qui n'empêche pas qu'il pleuve donc les gens ferment les fenêtres. Mais il y a quand même beaucoup de poussière, et au bout d'une heure tu es recouvert de poussière rougeâtre. C'est d'la balle, 6h dans ces conditions.6h ...que dis-je !! à dédougou on a du changer de car, ce qui fait qu'on a eu une loooongue pause (le temps de descendre les bagages du toit du school bus, et de les mettre sur celui du car), moi qui avait hâte d'arriver j'ai bien du prendre mon mal en patience. Ensuite il restait encore 50km de piste, mais cette fois la route était bonne donc on a fait ça en une heure. En plus, le bus était quasi vide, donc c'était tranquille, il faisait très frais.Après donc 10h30 de voyage au total, je suis arrivée à Nouna. Là, Souleymane est venu me chercher à la gare, pour me conduire à travers 15km de brousse jusqu'à Saint Jean, my fucking final destination. A cause du sac, j'avais vraiment pas de place pour m'assoir sur la moto donc c'était vraiment difficile, surtout que j'étais vraiment exténuée, je m'endormais sur la moto alors que j'étais en équilibre instable, et que les chemins étaient inondés ahah.Je suis arrivée alors que c'était la dernière soirée d'un autre stagiaire en agronomie ici (dommage qu'on se croise). Du coup, ils ont fait une super bouffe, avec même du vin. Enfin, ce qu'ils appellent vin c'est de la sangria infâme qu'ils coupent au bissap ^^ On a mangé des spaghettis à la sauce viande mouton, et je pensais pouvoir aller rejoindre mon lit, quand j'ai vu qu'ils tuaient des poulets et qu'ils commençaient à faire frire l'aloco. Apparemment c'était juste l'entrée !!

Bon je met quelques fotos de là où j'habite, c'est super grand j'ai une cour pour moi toute seule, avec ma maison, 2 cases et une douche et des toilettes. C'est à environ 200m de la maison de Souleymane. Dimanche j'ai dormi un peu toute la journée, j'étais vraiment crevée. Ils ont du me prendre pour une loque :)
C'est insupportable, ils mangent en continu ici. Après le petit dej, c'est les bananes, puis des cacahuètes, puis du poisson séché, puis le thé avec des cacahuètes, puis on déjeune riz sauce, puis encore le thé avec des cacahuètes, et ensuite le dolo, la pastèque, et le mais grillé, jusqu'à attendre le diner.. Pff ! Vivement le palu que jpuisse maigrir efficacement :D

Demain j'apprend à faire le tô, chose que toutes les burkinabès savent faire depuis l'âge de 12 ans. Comme ça je pourrai être bonne à marier !

Bien sur, ici il n'y a ni l'électricité, ni l'eau courante, et au moins on ne ressent pas la pénurie de gaz qu'il y a au Burkina, vu que toute la bouffe se fait au feu de bois. Il y a quelques plaques solaires, les gens les utilisent pour recharger des batteries, qui servent ensuite généralement à charger les téléphones portables ou à brancher une télé (!). L'eau vient du puit, elle est assez claire, donc je la bois, pour l'instant je ne suis pas malade ^^ C'est pas très pratique de ne pas avoir de lumière dès que le soleil se couche, c'est à dire vers 8h30 ici. Mais la lune éclaire tellement, qu'on a même pas besoin de lampe pour se déplacer. Néanmoins faut quand même faire gaffe à cause des serpents.

J'suis devenue fan de la bouillie de mil, qui l'eût cru !








dimanche 12 septembre 2010

Kordié, suite, Ouaga , le retour

J'ai pas encore fini mes anecdotes sur Kordié. Bon c'est un ramassis de petites histoires mais c'est marrant.

Dans la cours de la vieille, il y a une mossi qui habite (le village est gurunsi). En fait c'est une femme qui a été virée de son village parce qu'elle était déclarée mangeuse d'âmes. Depuis qu'elle a été bannie, elle marchait, elle marchait, elle marchait sans trop savoir où aller et en mendiant. Un soir elle était fatiguée et elle s'est endormie devant la cours de la vieille. La vieille l'a trouvée là au matin et lui a fait raconter son histoire. Elle lui a dit, tu peux rester là le temps de te retrouver. Ca fait maintenant 4 ans qu'elle est là. Au début le vieux ralait, mais maintenant ça va, il lui donne du travail.

La deuxième nuit était assez horrible. C'était fin du ramadan, alors il y avait de la musique à fond dans la rue (ils utilisent des plaques solaires pour faire marcher les sonos. lol quoi). Donc c'était déjà dur de dormir, mais en plus de ça il y a eu vent de sable qui rentrait par la fenetre de la case, et ensuite pluie. Après ça, les cabris sont montées sur le toit de la case (en tôle) et ça a fait un bruit d'enfer, et ça plusieurs fois vers 2-3h du mat. J'en pouvais plus !!!

Il y a trois familles au village. Je veux dire, trois grrrraaaaaaaaandes familles. La famille dominante, les Bako. Ce sont eux qui s'occupent des masques et des cérémonies à la forêt sacrée. Le chef du village et le chef de terre sont toujours des Bako. Mais dans ce village c'est un peu l'anarchie ils ne servent pas à grand chose. Il y a les Bayala (comme Arsene et Eric), les forgerons. Avant ils faisaient les armes, maintenant ils réparent un peu de tout. Ils sont aussi chargés d'appeler la pluie, et de résoudre les problèmes occasionnés par le climat, comme par exemple si un homme a été frappé par la foudre c'est eux qui font les cérémonies avant l'enterrement. Puis il y a les Batao, comme Léon, qui sont les chasseurs. Sinon, tout le monde cultive le mil. Of course.

Les animaux là bas, il y en a partout. En plus des animaux de la ferme, les animaux de compagnie, on compte les crocodiles dans le barrage, et puis aussi le python sacré de la forêt (sacrée aussi). Evidemment, si vous demandez aux gens, tous ils ont déjà vu le python une fois dans leur vie, et toujours dans des circonstances assez romanesques. Est ce qu'il existe vraiment...

Au village, l'humeur est bonne. Les hommes boivent du dolo dans les tavernes, les femmes rient. Mais quand on écoute un peu les discussions, le ton se fait plus sérieux. "changement climatique", "pas assez de pluie", "mauvaise récolte du mil", "famine", "état d'urgence", souvent ces mots reviennent, et c'est un peu plus inquiétant.

Bon, sinon je suis revenue hier à Ouaga, et on a fait trop la fête. Apéro jusqu'à minuit et après maquis jusqu'à 4h du mat. La piste de danse était bondée, il faisait genre 45°C, même les locaux transpiraient jusqu'à tremper leur chemise et leur pantalon. Mais c'était trop marrant, même des gens que je connaissais pas m'"ont dit que je dansais bien alors j'ai pris ça vraiment pour un compliment vu comment ils considèrent les nasaras question danse :D (cad comme des poteaux).
Je remercie ma maman qui m'a appelée à 8h du mat alors que je m'étais couchée 3h avant, ensuite le sommeil a été difficile à retrouver, parce que faire la grasse mat quand on dort sur le carrelage c'est pas évident. Mais bon j'ai glandé toute la journée, et c'était cool.

Je devais partir pour Nouna (mon stage) mardi, mais finalement j'vais à Kaya quelques jours, parce que j'ai la flemme de le commencer tout de suite ahah ! Donc je pense y aller peut être samedi ou dimanche.

Mon numéro de téléphone burkinabé ne peut pas recevoir les textos de l'étranger, je vais m'acheter un nouveau numéro demain et après ça ira mieux.

Allez, une petite légende pour finir ! (parce que je kif trop, je sais que vous aussi)
La fondation du village de Kordié
Sur le plateau central (me demandez pas où c'est, je n'en sais rien), vivaient deux frères avec leurs femmes et leurs enfants. (NB; oui ils sont très rarement monogames). Un jour les deux frères se sont disputés, et l'un est parti avec sa famille. Ils sont allés de village en village, mais jamais ils ne trouvaient d'endroit où se poser. Un jour ils sont arrivés à la forêt sacrée, et ont aimé le lieu. Alors ils se sont installés là, c'est pour ça que le village s'appelle Kordié, ça veut dire destination finale en langue.

samedi 11 septembre 2010

Kordié

De retour à Ouaga, faut que je fasse partager un peu ce que j'ai vécu pendant 2 jours. Assez ouf.

J'suis donc allée à Kordié, le village de Léon. Après un voyage assez épuisant (bus en retard de 2h; bus qui roule comme charette; taxi brousse qui galère dans la piste inondée).. Bref on arrive à son village, 40km reculé par rapport au goudron, et là c'est vraiment le trou du cul de l'Afrique. Pas d'électricité, pas l'eau courante, le puit est dans la cours de la maison... Toutes les habitations sont traditionnelles, et le must PERSONNE ne parle français. Sinon c'est cool.

On est arrivé à la nuit, et on a mangé le tô (farine de mil bouillie et compressée) avec sauce gombo (espèce de légume). Et puis on est allé dormir dans la case. Marrante d'ailleurs, son précédent occupant l'ayant décorée avec des psoters de Ronaldino et des posters de la coupe du monde 2002. Sinon, le mobilier c'était une natte et une vieille moto qui trainait dans un coin.

Le lendemain, on se lève avec les poules, toute façon elles sont sous ta fenêtre à caqueter alors t'as pas le choix. Je découvre ce que donne la cours sous la lumière. Tout entourée de case, un trou euh un puit au milieu, des canaris (grosss jarres pour préparer le dolo, bière de mil) cassés de partout, des bidons, des cochons, des biquettes, des poules, des chiens et des chats et un tas de gamins qui trainent çà et là. Même après 3 jours chez eux, je n'ai pas pu dénombré combien il y avait de femmes et d'enfants qui vivaient là. La cours où on était était dirigée par la tante de Léon, qu'il appelle aussi sa mère, ou plus communément la vieille. Sa famille a une deuxième cours un peu plus loin dans les champs de mil. Là, c'est son grand père qui habite avec ses femmes. Leur cours est beaucoup plus traditionnelle, avec les cases en 8 et tout (j'expliquerai plus tard).
Bon en gros, il m'a présentée tout le monde, et après il passait parfois 1 ou 2h à parler avec les gens en dialecte et moi jfaisais potiche à côté parce que jcomprenais rien ><

Sinon c'est sur que j'ai grossi parce que la vieille nous apportait toutes les deux heures le tô et une montagne de riz. Le vieux (le grand père) m'avait offert un poulet, mais on avait pas eu le temps de le manger. Aujourd'hui on devit repartir à 8h du village, mais on est reparti vers 11h, parce que la vieille a insisté pour que je bouffe ce putain de poulet. Donc 1h après mon petit dej, j'ai du m'enfiler tô, montagne de riz et poulet grillé sauce oignon (trpp bon mais j"avais vraiment pas faim)!!!

J'ai appris plein d'histoires sur le village. Par exemple leur totem c'est la tourterelle. Un jour, au temps des guerres tribales, les hommes du village sont partis attaquer une autre tribu. Quand ils sont partis, une autre tribu est venue prendre le village quand il y avait que les femmes et les enfants. Alors les femmes et les enfants sont partis se cacher dans la forêt. Mais leurs traces de pas étaient sur le chemin. Alors des centaines de tourterelles sont descendues des arbres pour piétiner le chemin et cacher les traces de pas. La tribu a été sauvé. Depuis, à Kordié, on ne mange plus les tourterelles.

mercredi 8 septembre 2010

Bonne arrivée !!

Bon, ce qui est fantastique avec les compagnies aériennes africaines, c'est que tu pars 1h30 en retard et que tu arrives 30 minutes en avance. Pratique pour prévenir les gens qui viennent te chercher à l'aéroport. L'arrivée à Ouaga est assez fantastique. L'aéroport est en travaux (j'ai l'impression que c'est pire encore que l'année dernière). C'est un espèce de cube en béton avec des murs en placo de part et d'autre. Les bagages sont acheminées de l'avion au hall dans un chariot poussé par une dizaine de mecs, puis sont étalées par terre plus ou moins brutalement, et tout le monde se pousse pour récupérer son sac..! Tout ça dans le hall de l'aéroport, où les policiers somnolents laissent rentrer tout le monde, donc faut faire gaffe que personne ne parte avec ta valise.

Deux amis (Léon et Ousmane) sont venus me chercher à l'aéroport. Ils m'ont emmené dans la maison que loue leur association , car ils accueillent 4 infirmières en ce moment qui font un stage dans un hôpital de Ouaga. Je dors là bas, et je mange avec eux. Hier soir, soirée d'arrivée à base d apéro ti punch, loup-garou, et maquis avec bières vers minuit. J'ai fait ma courageuse, j'ai pris une bière, sachant que la dose ici c'est 65cL. Tout ça pour dire que j'ai vraiment BIEN dormi après, sur ma natte à même le sol.

Tout se passe génialement bien, j'ai récupéré un téléphone (00226 72747408) et j'ai accompli mes formalités. Je suis allée au siège de l'association dans laquelle je vais travailler. Je suis arrivée à l'africaine, avec 40 minutes de retard. Mais bon, tout ça c'est la faute à la pénurie de gaz. Parce que du coup, on a voulu manger une omelette au petit déjeuner, mais comme y a plus de gaz faut faire le feu au charbon. Mais comme ça fait un moment qu'y a plus de gaz dans le pays, c'est dur aussi de trouver du charbon parfois. Alors le temps de trouver du charbon, d'allumer le feu et de faire l'omelette, et ben on était en retard. Mais bon le mec avait l'air assez blasé. C'était un blanc d'une quarantaine d'année avec les cheveux courts parsemés de dread locks qui tombaient sur ses épaules, avec un nez de poivrot assez ouf. Donc j'ai visité leur entreprise là, et puis on est rentré faire la sieste, parce que quand meme faut pas abuser.

Je retrouve avec plaisir l'air africain, les fruits de la passion, le bissap, la langue burkinabé (que je comprend une fois sur deux), et l'ambiance d'ici. Dans la rue, les musiques, Floby, Victor Démé, le coupé décalé. Les gens qui viennent te parler "tu es française ?" "euh oui" "tu aimes le hip hop?" "euuuuh c'est déterminant comme question?". Les enseignes fantasques des magasins "poulets télévisés", "obama fashion", "afrolibrairie". La circulation désordonnée. Le bruit continuel d'une ville en ébullition. Gniiiaaah !

Bientôt l'accent du sud dans ma bouche va se transformer en français burkinabé. Déjà je dis "faut ammener pain" au lieu de dire "tu peux me passer le pain s'il te plait?". C'est mal barré...

Demain je pars à Koudougou, peut être je vais à Nouna direct après mais je sais pas encore. Déjà avec la fin du ramadan c'est pas sur qu'il y ait des transports demain. Et puis les routes sont mauvaises à cause de la fin de la saison des pluies, et comme moi y a pas de route pour aller à mon village, on m'a dit qu'il fallait rester 10h dans le bus au lieu de 5. Ô joie, 10h de tape cul dans la poussière..!!

So happy :)

Bonne arrivée !!

lundi 6 septembre 2010

A new beginning

Yo everybody.

Un blog a toujours un article de départ, plus ou moins niais, inintéressant et relativement inutile puisque son seul but est d'initier le mouvement. Là, on peut ajouter un autre but, c'est d'augmenter ma dose de stress, en me faisant procrastiner à 6h de mon départ de chez moi. Ahah, ma valise est ENFIN faite, mes papiers sécu, impôts, banque etc presque réglés, et euh à part la crème solaire (ARGH), je ne visualise pas trop ce que j'aurais pu oublier.

Alors, demain, c'est direction le Burkina, pour 4 mois au minimum. Ouagadougou quelques jours, puis Koudougou, Nouna, et enfin mon village dans le trou du cul de la brousse : Saint Jean. Tapez pas ce nom sur Google Earth, vous ne verrez rien (et inutile de chercher les éléphants). Mais regardez une carte du Burkina Faso et de l'Afrique de l'Ouest ça sera bon pour votre culture !

J'essayerai de donner des nouvelles plus ou moins régulièrement, mais l'accès à internet risque d'être compliqué. Comme je l'ai déjà expliqué à certains d'entre vous, il n'y a pas d'internet dans mon village, donc je dois faire une dizaine de kilomètres à dos d'âne ou à vélo de part les pistes pour aller à la ville dans un hypothétique cyber qui pourra éventuellement avoir une connexion internet ("bon, y a pas de problème. Des fois ça marche, des fois ça marche pas." disait mon référent de stage ce matin).

Alors; la bisette à tout le monde, et à bientôt (sauf si je meurs d'une crise foudroyante de palu) !

P.S. Au risque de paraitre émo, très chouette la chanson de même nom que le titre de cet article, par les Good Charlotte !